Monstre-invisible

?

Jeudi 23 septembre 2010 à 13:57

C’est drôle comme notre relation a changé.

On se provoquait incessamment, agressifs. On mordait toujours nos recoins de cœur et de sensibilité pour se prouver que le faible, c’est l’autre. J’avais longtemps cherché un adversaire à ma taille. Quand je t’ai trouvé, toi et ton cœur déchu, toi et ton allure de salop, je me suis prise au jeu. Je ne me doutais pas du danger que tu allais représenter au départ, transformant ma vie en un vaste champ de bataille. Tous mes espoirs, tu les avais vaincus, toutes les joies, tu les avais détruites, et c’est moi qui me relevais tout de même pour te regarder en face.

 Aujourd’hui, tu étais changé. On s’est posé comme des gamins sur un banc. On parlait sans mâcher les voyelles, on regardait le ciel comme une entité supérieure, ne prenant même plus la peine de vouloir l’affronter. Nos regards plein de tendresse et de méfiance s'écrasaient sur nos joues comme des petites sucreries, ils fondaient le long de nos joues. On a même pas pris la peine de les essuyer. On parlait comme des inconnus qui se rencontrent, qui se découvrent, on riait comme des adultes qui veulent oublier qu’ils ont grandis trop vite.

Pour une des premières fois, tu me voyais comme j’étais vraiment.  J’ai laissé tomber l’armure. Tu as laissé tomber ton mouvement de recul. 

Tu m’as laissé parler. Tu regardais mes lèvres par moment. Ton regard s’est fait très tendre quand tu m’as dit que mon discours partait dans tous les sens, que je ne finissais jamais mes phrases. Je continuais de parler, en bougeant très vite les lèvres, en riant très fort de mes propres conneries, en bougeant incessamment les mains.

J’ai été prise sur le fait, tu ne m’as pas laissé le temps de marquer un silence. C’était un mouvement doux et spontané à la fois, un mouvement en avant trop rapide pour pouvoir se préparer à dégainer. Ton baiser m’a surprise, je ne m’y attendais pas. Il m’a désarmé d’un coup, mis à nue.  

 

Jeudi 23 septembre 2010 à 13:33

 Silence.

 On reprend ?

 On courre après nos espoirs pourris, on les attrape haut la main, à deux. On se scrute, des papillons plein les mains, on se dévisage.

 Le visage creux, le visage plein. Des yeux bleus, grands. Regard noir, je te provoque, du make up coule le long de mes joues.

 Le souvenir de mes larmes passées s’évapore en une gorgée de bière, le souvenir de mon amour coule dans mes entrailles tandis que je bois la seconde gorgée. La troisième, la quatrième ne serviront qu’à mettre nos sens en éveil, éveil de l’amour, nouveauté, renaissance, ils ne serviront qu’à magnifier la magie qui émane de l’inconnu.

  C’est sûrement cette foi indescriptible en l’avenir qui m’a attirée chez toi, qui m’enchaîne d’une bien heureuse façon. Tu regardes passer la vie à la manière d’un enfant qui tombe à la renverse devant toute chose, et pour rien au monde j’écorcherai cette innocence, si ce n’est pour qu’elle se perde au creux de mes hanches...

Tu dis que je suis l’Art. Alors joue-moi, bousille-moi, colorie-moi de milles et une manières, éclate toi face mes humeurs, explose l’éclat de mes rires en milles petites photos, expose le chagrin de mes nuits sur une feuille vierge, et lacère-la. 

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