Monstre-invisible

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Dimanche 21 novembre 2010 à 23:43

 Coupez !

 

Ma caméra est capricieuse et incontrôlable: elle ne veut que les grandeurs.

Elle ne veut que retranscrire la fascination que j'éprouve à ton égard, celle qui me fait trébucher à l’encontre de ton sourire, aspirant tous mes soupirs, se moquant de moi à l’ombrage de mes écrits. 

Elle ne veut que cerner le charme envoûtant de tes pas, te tendre un piège au coin de la rue, t'attribuer un cadre. De l’élan créatif coulant dans mes veines, elle te caressera.

 

Toi, relevant le défi, charmé par l’objectif, face aux spectateurs de toute une vie, petits métronomes hypnotisés par ton mystère, l’insolence de tes boucles, et l’insouciance de ton souffle, cigarette à la bouche, chargé d’émoi, des mois durant, mon moi décousu, avec un pas pour seule envie, juste mouvement de jambe pour t'étreindre du champ de ma caméra.

 

 

Elle aurait voulu te rencontrer plus tôt, ma caméra, te filmer dans tous tes états, nu, triste et déchu, te déshabiller de gêne, te faire l’amour entre deux rires, t’habiller de son désir. Si elle te couvre de honte un jour, sois assuré qu’un autre, c’est l’audace qui te sublimera.

 

Elle se jouera de toi, ma caméra, cherchant toujours à raviver la flamme. Ma caméra te tuera, sans même prendre la peine de te sauver. Egoïste, elle ne voudra susciter que ta tristesse de partir, pour toujours mieux revenir. En un plan, elle verra ton agonie dans mon exploit, elle volera l'éclat de ton rire, transpirant d'envie, tu crèveras dans ces bras blancs d’inconnues malhonnêtes mais belles, celles qu’on t’attribuera, ma caméra et moi.

 

Placée entre les deux hémisphères, elle restera mon plus grand obstacle, mon regret le plus triste, l’amante la plus terrible. L'attraction certaine, l’art au bout de mes doigts l’emportera sur l’envie de toi.

 

Rien ne nous sera permis, à part la contemplation d’un monde nouveau dans lequel tu résideras. Tragique transcendance des sens, retourne toi, encore trois pas, ne me regarde pas moi, regarde à travers l’objectif de la caméra.

 

La beauté dans toute sa splendeur. Irréversible, tête baissée, levée, les cheveux au vent ou bien coiffé, au réveil ou en soirée, je te veux pourtant, muse, mirage, dans ma peau, dans les scènes de ma vie, je veux t'aimer, là, et ici, t’attirer dans le hors champ, l’interdit, et songer à une nouvelle vie.

 

Silence, on tourne! 

Dimanche 21 novembre 2010 à 23:13

 Je cherche mais ne trouve pas.

Un arbre, une route, un banc.  

Plait-il ?

Un monument s’effondre, l’autre se reconstruit.

Vous trouverez bien votre chemin, bel inconnu, il suffit de suivre la direction qu’indique mon bras.

Non, pas ma bouche.

Ni mes yeux.

Regardez mon bras.

J’arracherai bien vos globes oculaires pour analyser vos pupilles de plus près.

Y a t il quelque chose au fond de votre bouche, un mot visqueux, un je ne sais quoi d’excitant que je pourrais happer ?

J'ai envie de me mettre une sucrerie sous la dent, sur la langue, contre mon palais.

A vrai dire, je vous mangerai bien, la peau repoudrée d’épices.

Eveil des sens.

 

Je viens tout juste d’éteindre ma clope, veux déjà en rallumer une autre. C'est un problème?

Ah, du feu. Je n'en ai jamais car je suis hautement inflammable.

Vous êtes direct, dites moi, belle qualité, mais pour me fourrer le fion, il faut me faire rire. Beaucoup. 

Jusqu'à ce que ça me prenne aux tripes et m'enserre. Quand je serai morte, démenez vous avec mon corps. 

Mais ramenez moi en bon état, sans cicatrice au niveau du sein gauche, je vous prie.

L'Amour Tue, assurément.

Je vous assure, je ne suis pas folle. Une preuve?

Je vous tiens, vous me tenez, par la barbichette…

 

Tu ?

Tu es beau.

C’est vrai que ça sonne mieux.

Tu dois partir?

Faire quoi?

Ton visage accueille merveilleusement bien les rayons de soleil.

C’est le long de ma rétine qu’ils roulent en ce moment, les rayons.

Ce sera bientôt le long de mes joues si tu t’approches encore un peu.

D’un pas sensuel.

Au final, ce sera tout mon être qui clignotera « stop me », « go ahead», « stop me », du rose en arrière fond, le rosé fonde la vie, grisée de bonheur comme la grillade du barbecue, frétillante comme les frites du crous, sautillante comme une saucisse dans trop d’huile.

Oui, bien sûr que les saucisses sautillent.

Dommage qu'il pleuve.

Si j’ai faim ?

Ca se voit tant que ça ?

C’est ton corps qui me met l’eau à la bouche.

Je dois boire.

C’est quand je suis déshydratée que je dis ce genre de conneries.

Faut que tu m’arrêtes.

De l’eau?

Ta voix me déjà fait l’effet d’un alcool fort.

C'est toi qui demande?

C’est quand qu’on avance ?

C’est moi qui commande ?

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette…

Attends on recommence (le contact de ma main sur ton menton m’enivre et m’intimide).

 

Je ne suis qu’une grande enfant.

Qui se retient de rire quand on l’engueule.

Qui vend du rêve non remboursable.

Qui provoque encore des crashs d’avions en papier en classe.

T’es pas drôle, tu ries trop vite.

Joue pas à ça avec moi.

Quelle heure est-il ?

Tu m’amènes où ?

Il est déjà tard, le soleil se couche, il pleut toujours autant.

Tu me rallumes une clope s’il te plait ?

Ah.

On est resté assis tout ce temps ?

J’ai cru qu’on était parti très loin.

 

Gloups ! Une pile duracel dans l’estomac.

Compacte, c’est quand que je me transforme en lapin rose ?

Adrénaline.

Féline.

Cocaïne, you’re my cocaïne.

Le chemin ?

Droite, gauche, au fond, encore tout droit.

Je crois.

Gauche, droite…

Nuages, je dois déposer mes pieds à terre.

Là, ici, maintenant.

Tu iras par là.

J’irai par ici.

Maintenant.

Si on se reverra ?

Peut être jamais, en fin de compte.

Au plaisir, que le hasard se charge de nous éteindre.

Etreindre, pardon.

Dimanche 31 octobre 2010 à 23:37

 Je regarde ces petits faisceaux de lumière, je les entendrais presque me murmurer de partir. Mais je bois quand même, je bois à la passion adolescente de nos jours heureux. 

La musique lie mes chevilles à ce sol rempli de mensonge, lie mes mains à ce mur empli de trahison. Je relève ma tête, où suis-je, qu’ai je fais, que dois je faire encore ?

 Le serveur m’a donné son numéro. « A la plus belle », disait il. Il s’est souvenu que le DJ l’avait aussi. Je suis un alcool. A consommer avec tendresse. Enveloppe moi et glisse moi des mots doux entre les seins.  

 Sur le fil, je danse. Seule. Succession de mouvements hasardeux et nœuds dans les cheveux. Caprice d’enfant perdu à la recherche d’adultère, d’éternel et de mystère, rêve brisé par l’âge, tristesse qui se loge entre les rides, joie qui love entre les dents, je croque dans ton cou et je caresse la vie, rien ne m’effacera, rien ne m’atteindra, à part la cendre de tes pas.

Je voudrais éteindre cette cigarette sur ta main, ne plus songer à ta peau, voile fragile, ne songer qu’à moi, à ma protection, ma fade carcasse, mon petit cocon. Alors je m’écroulerai sur le sol, pour que tu m’embrasses. Je sauterai d’un pont, pour que tu m’aimes. Et je prendrai ces cachets, pour que tu m’oublies.

Je m’écrase dans cette prose insignifiante, je voudrais pleurer mais ne trouve pas de cause, je voudrais tomber mais ne trouve pas de bras, je voudrais mourir mais ne trouve pas de tombe.

 

Hier, les gens disaient que je suis belle, demain, ils diront que je suis laide d’avoir vieilli si vite, de ne pas avoir profiter assez de la passion adolescente de nos jours heureux. J'aurais aimé partir, mais je bois.

Gorgée par gorgée.

Je bois à la tristesse des jours passés.

Mercredi 29 septembre 2010 à 21:50

 Fac.

http://www.francesoir.fr/sites/default/files/40192d80ed9fb234fffc785c85b27fe5.jpg
Welcome to the Jungle.

Jeudi 23 septembre 2010 à 14:09

 Il est 5 h du matin et l’alcool n’est toujours pas descendu. Dans 6 h, je me lèverai, des amis m’attendent pour déjeuner.
Je fume une clope au goût caramel, écoute Help, I’m Alive. Je sais que dans quelques heures, c’est le régime dolipranien qui s’annonce. 
Il y a 5 h, je tenais fermement à t’envoyer des sms, malgré mon état. 
Je bouge légèrement la tête quant à la nouvelle musique qui résonne. 
Le verre brisé, une des seules choses dont je me souviens. Ma destinée est de briser de beaux verres de moutarde plein d’alcool, et de sourire en pensant à toi.

Il y a Maxime, celui avec qui je fais toujours les conneries les plus dangereuses parce que c’est bon de rire et de se sentir vivant. 
Il y a Claire, cette entité romantique qui fait tournoyer sa maison comme un foutoir magnifique.
Il y a Elisabeth, cet ange dont ni mes yeux, ni mon corps se décollent, qui m’engagerait pour un strip à son enterrement de vie de jeune fille.
Il y a Mathieu, celui qui a le chic de se cuiter à la mort la veille de son anniversaire. 
Il y a Paul, qui me fait penser à toi par sa façon de rire à tout et de parler de tout. 
Il y a Thibault, celui qui se lèche le téton pour ponctuer les délires qui passent. 
Il y a les potes de Paul, qui me filent des clopes pour agrémenter ma danse.

Puis, il y a toi, au travers de ce petit écran de portable. Toi et ta voix un peu enrouée, les étoiles dans le ciel, le balcon qui n’a même pas la beauté de causer un vrai suicide. 
Je relève la tête, je vois les gens bouger en rafale, je reprends une gorgée de ce breuvage, et je souris parce que je t’imagine en face. 

Mon père se réveille pour une dure journée, je me couche bientôt. 

L’alcool dansait sous mes doigts, les verres tourbillonnaient, ma vue devenait floue, je regardais les gens avec une envie particulier, mes yeux se posaient ensuite sur mon portable en douceur, je me calais contre ce morceau de ferraille. Pour un instant, je ne parlerai plus avec entrain, je ne danserai plus follement, je me tairai pour appuyer sur ces foutues touches qui m’échapperaient des doigts, pour t’envoyer des smileys sans intérêt, pour te faire signifier que la soirée ne serait rien sans toi en arrière fond. Toi, dans ma tête, dans mon cœur, dans mes tripes. 

Je ne sais même plus comment j’ai atterri chez moi, je me souviens de Mathieu qui m’a raccompagné pour un bout de chemin, je me souviens de ma remarque « tu dois pas aller par là ? », de la sienne « Ah ouais, sûrement… », je me souviens de mon démaquillage, de la manière de marcher dans la rue, en m’arrêtant toutes les minutes parce que marcher droit, c’est pas trop pour moi, de ma façon d’observer la lune droit dans les yeux avec défi, penser que tu dors déjà, remettre cette musique, sourire, et repartir en fanfare.

Les éclats de verre ne coupent pas, l’idée est fausse. Par contre, les éclats de rire brisent le malheur en milles morceaux. Tu es mon rire, mon éclat, la lune dans le ciel, le soleil qui se lève peu à peu, le coin de lumière dans une salle sombre, les lignes que je tapote dans l’aube, ce verre d’alcool que je tiens en titubant, le regard doux que je pose sur les corps sans entrain pour les faire revivre, la chanson Let It Be des Beatles (et je t’emmerde si t’aimes pas), mes hésitations, mes envies, mes peines, mes hérésies.

J’aime bien finir une tâche. Les lettres ne font pas tâche, je me ferai une joie de ne pas m’appliquer à trouver les mots exacts. Voilà déjà 2 h que j’écris, l’envie de dormir m’est passée. Le temps passe vite quand on étale son bonheur en le faisant dégouliner des lignes, n’est ce pas ? 


N’oublie pas, tu m’amuses. Tu, ma muse. Dans moins d’un mois, on se retrouve. J’en frissonne d’avance, je veux me souler à tes mots, ingurgiter tes rires comme des shoots, engloutir toute la douceur de ce monde pour te la cracher ensuite à la gueule. Je veux que le vent me fouette le visage, fasse voler mes cheveux pour me faire reprendre conscience par moment, pour formuler des réponses claires, pour imprimer dans ma petite mémoire toutes les belles choses qui m’arriveront. 

Un je ne sais quoi a le don de me transmettre une joie sans égal. Si tu le croises un jour, remercie le de ma part, je t'en prie.


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